Henri Béraud
Henri Béraud (1885 – 1958)
Écrivain, journaliste et polémiste français, Henri Béraud demeure l’une des figures les plus marquantes du premier XXᵉ siècle. Né à Lyon dans un milieu modeste, il incarne la réussite du talent pur : autodidacte, courageux, intransigeant, il s’imposa très tôt comme l’une des plumes les plus redoutées de la presse française.
À travers son œuvre romanesque et journalistique, Béraud témoigne d’un attachement profond à la France réelle — celle du travail, du peuple, des provinces, et des traditions vivantes.
Loin des cercles mondains, il forgea un style vigoureux, populaire et lyrique, où la verve du reporter se mêle à la profondeur du moraliste. Lauréat du Prix Goncourt en 1922 pour Le Vitriol de lune, il fut, durant l’entre-deux-guerres, un chroniqueur acéré de son temps.
Dans ses reportages, il dénonça sans relâche les impostures idéologiques et la complicité des élites intellectuelles avec les régimes totalitaires naissants.
Son voyage en URSS, relaté dans Ce que j’ai vu à Moscou (1925), demeure un document capital : Béraud y décrit, avec une précision journalistique et un courage exceptionnel, la réalité sinistre du communisme soviétique au moment même où tant d’écrivains occidentaux s’en faisaient les thuriféraires.
Écrivain de tempérament, d’honneur et de liberté, Béraud paya cher son indépendance d’esprit. Après la Seconde Guerre mondiale, il fut injustement condamné et réduit au silence — victime de cette haine durable que la médiocrité réserve au talent incorruptible.
Il finit ses jours à Saint-Clément-des-Baleines, isolé mais digne, fidèle à ses convictions et à cette France éternelle qu’il avait tant aimée.
Œuvres principales
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Le Martyre de l’obèse (1919)
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Le Vitriol de lune (Prix Goncourt, 1922)
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Ce que j’ai vu à Moscou (1925)
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Faut-il réduire l’Angleterre en esclavage ? (1935)
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Le Bois du templier pendu (1943)
Citation
« Il y a, chez les dirigeants de l'Union des Soviets, une sorte d'esprit cinématographique. Ils sont partisans de la vision brève, des images superposées et du gros plan. Nulle puissance au monde ne les égale pour truquer le décor. Au service de leurs invités, ils mettent des autocars, dont le parcours, admirablement réglé, ne côtoie que les façades de cette Los Angeles sociale. Quant à l'envers, on fait de son mieux pour le cacher aux regards indiscrets. »
— Henri Béraud, Ce que j’ai vu à Moscou, Les Éditions Meystre, 1925, p. 129.
Note de l’éditeur
Les Éditions Meystre ont choisi de republier Ce que j’ai vu à Moscou, ouvrage central de l’entre-deux-guerres, où Henri Béraud démontre un courage intellectuel et moral exemplaire.
Face à la fascination aveugle des milieux progressistes pour la Russie soviétique, Béraud osa écrire ce qu’il avait vu : la misère, la peur, la propagande et l’esclavage des consciences.
Ce livre, d’une modernité saisissante, rappelle que le mensonge idéologique est la première arme des régimes totalitaires.
En le rééditant, les Éditions Meystre restituent à Henri Béraud sa juste place — celle d’un témoin intransigeant, d’un patriote blessé mais debout, et d’un écrivain qui refusa de plier devant la tyrannie des modes et des lâchetés.


